Cher Justin (Trudeau), d'abord merci pour cet accueil amical et chaleureux. Il est à l'image du fondement des relations entre le Canada et l'Union européenne, de cette confiance et de cette amitié qui nous permettent d'aller loin dans la coopération, d'aller loin dans l'ambition partagée de relever ensemble et d'être à la hauteur des défis auxquels nous faisons face. En réalité, notre génération politique fait face à trois défis qui sont autant de chocs. D'une part, tu l'as parfaitement dit, nous faisons face à un choc avec la nature, un choc avec notre environnement. Cela se traduit par notre ambition commune de traiter cette question du réchauffement climatique et des conséquences que tu as mentionnées, les difficultés extrêmes au Canada et partout dans le monde. Nous devons être solidaires sur ces sujets-là. Le deuxième choc, c'est la transformation technologique radicale à laquelle nous faisons face. D'une part, le développement numérique, d'autre part l'intelligence artificielle, y compris l'intelligence artificielle générative. Cela met à l'épreuve aussi nos sociétés et les relations entre chacun d'entre nous, avec nos sociétés respectives. Le troisième choc auquel nous faisons face est directement lié à la confiance en un monde fondé sur des règles, à la confiance dans la coopération internationale à un moment où un certain nombre d'acteurs sur le plan global décident de mettre à l’épreuve ce monde qui était issu de la Seconde Guerre mondiale, alors que nous pensions sincèrement que la liberté, la démocratie et la dignité humaine doivent être au cœur de notre ambition commune. C'est dans ce contexte-là que notre génération, au Canada, en Europe, avec d'autres partenaires dans le monde, a une responsabilité: la responsabilité d'agir pour améliorer les conditions de vie, pour améliorer la prospérité. C'est le premier point et c'est une des promesses exprimées par les pères fondateurs du projet européen. Cela veut dire transformer ce défi climatique en opportunité, en occasion pour de l'investissement, pour de la technologie, pour des emplois de qualité pour nos citoyens, partout au Canada, en Europe. Hier soir, nous avons pu rencontrer dans un cadre convivial des acteurs de cette transformation climatique. Nous en rencontrerons d'autres tout à l'heure encore ensemble. Être engagés pour faire en sorte que cette COP28, dans quelques jours, soit un succès et réponde aux attentes. Il ne suffit pas simplement d'affirmer des objectifs ambitieux, nous devons obtenir des résultats, mettre en œuvre, respecter aussi nos engagements vis-à-vis des pays du Sud qui attendent de nous de la solidarité et de la responsabilité. Et puis faire en sorte que ce défi énergétique soit relevé. On veut une société où il y aura davantage d'électrification. Cela suppose de transformer nos modèles, de transformer nos paradigmes et de coopérer beaucoup, tu l'as mentionné d'ailleurs il y a quelques instants, avec l'un ou l'autre des pays européens qui sont déjà engagés, en plus des efforts communs au départ de l'Union européenne. Et puis la question du numérique est une question très centrale. Nous faisons face maintenant à un monde où les données numériques, le big data, deviennent une ressource économique majeure. Et nous devons trouver le juste équilibre entre innovation, créativité, capacité aussi d'améliorer notre compétitivité en misant sur l'intelligence artificielle d'une part, et d'autre part, veiller à ce que ces droits fondamentaux, la vie personnelle, les droits humains soient respectés dans cet équilibre. Et pour cela, il y a nécessité, dans un cadre démocratique, d'avoir ces débats de qualité qui permettent d'identifier les principes et les normes qui doivent être développés afin d'encadrer cette technologie au service des êtres humains, au service de nos sociétés. Et puis il y a un sujet qui est extrêmement important. There is a very important challenge we all face and it is related to new technologies, especially raw minerals, and here your country, with others, has a very important role to play. This morning we had a very fruitful discussion about the way we can cooperate, the way we can further work together in this field. You know that in Europe, within the EU, we have identified 34 critical raw minerals, and in your country you have 20 of those 34 critical raw minerals; this shows that we need to work together to improve our supply chain to make sure that we can build our future prosperity, taking into account the need to respect the environment and respect standards, which is fundamental for all of us. There is another very important deliverable today, and I would like to emphasise it. Today we have agreed to develop a partnership in the very important research and innovation programme 'Horizon'. This is a very important step because this programme is the largest collaborative program in the world, and this is a huge opportunity for all of the people in Canada and in Europe to work closely together and to try to get the best out of this programme. I would also like to say a few words on something that it is very important, which is the CETA trade agreement. We remember that when we negotiated this agreement we faced some challenges, including in my own country. But with CETA today, we should be proud to see that there has been a 66% increase in the trade numbers between Canada and the EU for goods, and 40% for services. It shows the added value of such a trade agreement and the importance of doing everything possible to maximise the benefits for our citizens. It is also an opportunity to discuss at global level the importance of believing in trade, in open markets, in an open economy, for instance to discuss the consequences for Canada and the EU of the IRA decided on by the United States, put in place by the United States, and the importance, in the G7 format for instance, of cooperating and making sure that we develop competition based on a level playing field. Finally, a word on peace and security. We are liberal democracies and we believe in peace and security; we believe in stability. And that's why it's not a surprise that we are on exactly the same page. We support Ukraine and will support Ukraine for as long as it takes. On the EU side, we have already delivered €83 billion in support for Ukraine in various fields – financial, military – and we are ready to do more. In the weeks to come we will make additional decisions and I am optimistic, along with our member states, in this regard. We want to sanction Russia, but it will also be an opportunity to discuss the importance of preventing the circumvention of sanctions on the one hand, and on the other to identify the sectors in which some additional steps may be needed in the future in coordination with our like-minded partners. It is also very important to be a positive actor, together, in addressing the situation in the Middle East. That is why I reiterate that we condemn the terrible Hamas attack launched on the Israeli people. We support Israel's right to defend itself, to defend its people, but it must be done in line with international law. We don't want double standards. That means that we need to address the humanitarian situation. It is good that the first pause has been decided, but it's very important that the humanitarian consequences are addressed. We support the two-state solution and we hope that as soon as possible there will be an opportunity to discuss the concrete elements that are needed to make the two-state solution a possibility in order to guarantee a sustainable peace in that region. We also discussed other challenges we face together, for instance foreign interference, and the importance of working closely together to prevent it and reacting together when we face such a situation. Arbitrary detention also creates difficulties, and it's important to stick to the principles and to stick to the rules. Enfin, nous avons aussi eu l'occasion d'aborder les questions de sécurité, les questions de défense. Et je voudrais affirmer ici l'ambition de l'Union européenne et des États membres d'être un acteur plus engagé sur le terrain de la sécurité et de la défense. La majorité de nos États membres sont membres de l'OTAN, bien entendu, et l'OTAN est un pilier essentiel pour cette sécurité transatlantique. Mais nous considérons que l'Union européenne et nos États membres avons une responsabilité pour préparer l'avenir. Un avenir dans le cadre duquel les capacités de défense sont nécessaires au service de la paix et au service de la sécurité. Je conclus en indiquant ceci: tu as choisi, cher Justin, de nous réunir dans un lieu qui est lourd, dans un sens positif, de symboles, tu l'as mentionné. C'est depuis cette colline Signal Hill que le premier signal en morse a pu être transmis entre l'Europe et le Canada. Cela dit beaucoup et cela dit que cet océan est un océan qui nous rapproche, qui nous rassemble, qui nous réunit. Nous sommes des démocraties libérales, nous avons la conscience de nos responsabilités, nous avons la conscience que ce qui est au cœur de nos projets: c'est de faire en sorte qu'il y ait un monde plus juste, plus stable, plus sécurisé, avec, pour les femmes et les hommes que nous avons le devoir de représenter, un avenir plus prometteur, un avenir plus optimiste, un avenir avec plus de confiance. Et il y a un enjeu parce que nous mesurons bien que le moment que nous vivons est un moment avec des défis, avec des contraintes, mais aussi avec des occasions, des opportunités. Et encore une fois, l'amitié, le respect, la confiance sont les clés pour fonder ce partenariat, qui est un partenariat robuste et solide comme un roc. Je vous remercie. |